dimanche 17 février 2008

Milinda, la petite fille radieuse


Nous sommes attendus à midi. Nous faisons 2 heures de route sur la nationale 13 qui se termine au Nord, à la frontière chinoise. La lumière est mauvaise et le froid de loup persiste. Pour combien de temps encore 1, 2, 3 jours ? Nul ne sait. Au bord de la route, les jeunes comme les vieux se réchauffent autour de petits feux ou marchent une brindille en feu à la main. Avec ses rangées de teck qui ressemblent de loin à des peupliers, la nationale 13 prend des airs de départementale française !
Nous arrivons dans une bourgade, sans début, ni vraie fin. Arrêt devant le marché. Milinda doit habiter tout près. A peine descendus de voiture, elle est là avec sa famille, bientôt élargie au quartier ! Nous sommes très attendus … Mais panique, Mo a enfermé ses clefs de contact dans la voiture. Nous n’avons ni accès aux appareils photos, ni aux cadeaux. Le double est à 3h en moto. L’alternative, c’est le marchand de moto qui avec un fil de fer ouvre la porte en 30 secondes ! Il donne le mauvais exemple, mais il est pardonné.
Pendant ce temps, Milinda nous évalue l’œil en coin. L’opération terminée, elle nous entraîne vers sa maison. Modeste mais récente au milieu de maisons traditionnelles en bambou. C’est là qu’elle a emménagé à son retour de Paris, il y a 1 an. Avant, elle habitait près de chez ses grands-parents à 1h de bateau le long du Nam Nga, un affluent du Mekong. Son père Thongdy a quitté le travail dans les rizières et a bénéficié de l’incitation du gouvernement au regroupement dans des gros villages. Il a désormais une petite boutique de quincaillerie au marché. Traditionnelle photo devant la maison, et la série des questions traduites par Mo peut commencer selon un scénario désormais bien rodé entre nous !
Milinda qui a 6 ans et demi, a souffert 1 an après sa naissance de difficultés respiratoires et toussait surtout beaucoup. A plusieurs reprises, l’hôpital de Luang Prabang où ses parents consultaient, a diagnostiqué des problèmes pulmonaires. Les traitements se montrant sans effet, à l’occasion du mariage à Vientiane d’un frère cadet, ils emmènent Milinda et en désespoir de cause, consulte à l’hôpital de la capitale. Un médecin les dirige sur le service de cardiologie. Elle a très vite compris qu’elle devrait se faire opérer, et demandait chaque jour à ses parents quand elle partirait ! 6 mois plus tard, le 1er janvier 2007 Milinda était dans l’avion pour Paris.
C’est confiante qu’elle a quitté ses parents pour ne les revoir que 3 mois plus tard. Elle les a alors retrouvés avec le sourire d’une petite fille radieuse sachant compter jusqu’à 10 en français !
Après les questions, les cadeaux. Nous lui remettons l’enveloppe préparée par la famille Bloch (lettres, dessins des enfants, photos sur lesquelles Milinda s’attarde en riant …) et le petit sac à dos garni de crayons, cahiers, nounours ... Milinda est submergée de joie par tous ces petits riens qui sont beaucoup pour elle !
Nous la quittons pour repérer la « guest house » où nous coucherons ce soir, et lui confions le petit appareil photo. Elle en fait immédiatement un jeu et instaure une complicité malicieuse avec JFM.

Retour à 17h30 pour la fête à laquelle se sont joints le chef du village et le pharmacien. Le cérémonial auquel nous avons assisté chez Ken hier, se répète. Les incantations terminées, Milinda se précipite sur nous pour nouer à nos poignets ces traditionnels liens de coton blanc. Elle répète l’opération à plusieurs reprises comme une manière à elle de nous embrasser.
Nous remercions à travers les mots de notre guide, et expliquons que nous ne sommes que les représentants d’une chaîne de solidarité créée par Francine Leca, Patrice Roynette et Alphonse Pluquailec (SFL). Nous sommes les messagers de leurs bons vœux auprès de tous.
Les femmes ont disparu derrière dans la cuisine, sauf Milinda ; les hommes boivent beaucoup à notre santé et à la leur ! Nous nous retirons sur une litanie de « khawp jaï laï aï » (on prononce « krop » !) … pour merci beaucoup.

Nuit fraîche ponctuée du bruit des freins des camions chinois qui abordent leur descente vers le pont.
A 7h30, nous sommes sur le chemin de l’école. Milinda, tongs aux pieds, arbore le tee-shirt rouge de MCC sous son blouson rose, et prend la photo de tout ce qui l’intéresse sur son passage : le coiffeur, le marchand de bonbons. Avec 3 copines qui l’ont rejointe, elle prend un raccourci à travers un quartier de maisons en bambou. La grille de l’école est au bout. Elle fait seule ce petit kilomètre deux fois par jour comme une grande.
Milinda nous présente sa maîtresse. Le petit dessin de la classe se fera après les chants que nous enregistrons. A midi, fin de la classe, nous retrouvons Milinda qui nous donne le dessin qu’elle a fait pour nous. Mais c’est l’heure de se séparer et nous partons en gardant le sourire inoubliable de Milinda avec nous !





















1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo pour votre blog, c'est top de pouvoir vous suivre et d'avoir des nouvelles au fur et à mesure... quels contacts extraordinaires ... vos commentaires et photos sont très émouvants.
Je vous embrasse fort.

Laurence