jeudi 28 février 2008

Phitsamay, la courageuse

A 9 ans, Phitsamay a de la personnalité. Depuis qu’elle est revenue de France (5 ans déjà), elle a beaucoup grandi et son caractère s’est affirmé ; elle est solitaire, mais pas introvertie. Elle boude ce qui l’embête, elle rit franchement quand ça lui plait, elle cache ce qu’elle veut garder secret… quelquefois pour de mauvaises raisons : elle a avoué à Marie (à qui elle se confie facilement), et à l’insu de ses parents, qu’elle était tombée d’un arbre il y a quelques mois et que depuis elle avait des fourmis dans la jambe droite ! Peur de se faire gronder par des parents qui la surprotègent (ils ont tellement cru la perdre) ou dure au mal ? Les deux à la fois ! Depuis sa naissance, Phitsamay a souffert, et ses parents aussi !
Lui, Bounmi, était militaire jusqu’à récemment et elle, Sone, est ouvrière dans une usine de mécanique (ils travaillent désormais ensemble, payés 70$ par mois chacun).
A l’âge de 9 mois, on a découvert à Phitsamay un abcès aux poumons. Elle va de séjour en séjour à l’hôpital militaire où elle est admise gratuitement grâce à son père. Le drame, c’est qu’aucun traitement n’agit. Phitsamay est devenue très maigre, ses ongles sont bleus, elle ne tient plus sur ses jambes. Ses parents la ramènent dans leur maison en bambou (le sol était à l’époque en terre battue, et traversé par les poules et les canards !). Au 103 (comme on appelle l’hôpital militaire), on ne leur a guère donné d’espoir.
Alors dans un sursaut désespéré, ils vendent le peu qu’ils possèdent, empruntent à des voisins compatissants, et se rendent à l’hôpital Mahosot où on leur a dit que des enfants comme Phitsamay avaient été sauvés. Elle y restera d’abord 3 semaines (problèmes pulmonaires, au foie, atteinte au cœur, etc…). Ses parents couchent à l’hôpital, dehors, en attendant que la petite se rétablisse. Et elle finit par se rétablir. Prise en charge par SFL, elle sera suivie pendant 1 an et demi avant de partir en France et d’être accueillie par la famille Chanterelle pour l’opération.
Elle est partie de Vientiane en chaise roulante tellement elle était faible et elle est revenue en sautant ! Elle a beaucoup aimé son séjour en France et a le sentiment d’avoir pris des forces (elle a grossi de 2kg). Pendant 1 mois, elle n’a parlé à ses parents qu’en français ou par signes.
Tout est revenu dans l’ordre maintenant, Phitsamay est une élève de CE2 appliquée, comme le sont sa grande sœur Boulom (11 ans) et sa petite soeur Bouakhay (8 ans).
La maison est plus confortable depuis que les parpaings ont remplacé le bambou et le ciment la terre battue… un peu comme en France dont Phitsamay disait : il n’y a pas de terre là-bas, il n’y a que du ciment et il fait toujours jour la nuit !

En voyant la joie de Phitsamay au milieu de ses camarades d’école en train de prendre des photos, on se prête à imaginer que pour Phitsamay et sa famille, la lumière est au bout du tunnel !




PS : Longue séance de photos pour JFM à l’heure de la récréation. Les garçons jouent à chat, les filles à l’élastique, d’autres sont à la buvette où il y a tout : eau, bonbons, biscuits pour le «petit creux» pour ceux qui peuvent payer !
Pour nous, c’est l’heure de « l’apéro » avec les professeurs : Pepsi, bigorneaux du Mekong (réservés aux autochtones !), maïs grillé, couenne de bœuf séchée à mâcher (chewing gum local !)
Après la photo traditionnelle devant le tableau noir, nous nous éclipsons pour un déjeuner de soupe aux nouilles – champignons, poulet et bœuf à la citronnelle. JFM en profite pour faire sur place quelques tirages papier pour les instituteurs.






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