lundi 18 février 2008

Na et Ni. Ni et Na

Na habite un village à 25 km au sud de Luang Prabang. Arrêt au marché chinois, près du stadium pour acheter une polaire à JFB. Une autre journée froide s’annonce, un de ces petits froids humides qui vous transpercent !
Toujours la nationale 13 devenue familière ; puis une bourgade avec les maisons implantées de part et d’autre de la route, cachant des quartiers entiers d’habitations en bambous et feuilles de bananier tressées.
C’est dans l’une de ces maisons ouvertes aux courants d’air et au froid comme en ce moment, que la petite Na, 4 ans et demi, habite avec sa sœur Ni. Elles sont jumelles et se ressemblent incroyablement. Pour identifier Na, JFM a collé sur son tee-shirt un cœur du Mécénat qu’elle arbore avec fierté !
Na avant de partir en France pour se faire opérer (elle avait 17 mois) était surnommée « Jay » : la petite maigre, et Ni : « Gnay », la petite grande ! Cela en dit long sur l’état de Na qui depuis sa naissance respirait mal et économisait ses forces. Na qui ne marchait pas avant son départ est revenue en marchant et 6 mois plus tard elle avait rattrapé sa sœur en taille et en poids. Maintenant il n’y a que la coiffure qui les différencie l’une de l’autre : des couettes pour Na et une natte pour Ni.
Na semble avoir été très heureuse pendant son séjour à Paris ; elle ne voulait plus quitter l’accompagnatrice à son arrivée à Vientiane où ses parents l’attendaient. Mais Na a beaucoup manqué à Ni qui, avant cette séparation, protégeait sa petite sœur. Maintenant que tout est rentré dans l’ordre, elles sont comme chien et chat, mais ne se quittent plus.
Na et Ni n’ont pas été à l’école ce matin (la petite maternelle - la 1ère de 3 années). Elles attendaient notre arrivée pour nous y conduire. Nous y allons en voiture car elle est située en dehors du bourg à 1,5 km à pied. Chanch (on dit Chan), sa maman, les y accompagne chaque jour et c’est souvent son papa, Khamhome (surnommé Om) qui va les rechercher. Il y a normalement 30 élèves et 2 maitresses dans la classe. Aujourd’hui, ils ne sont que 10 car il y a beaucoup de malades. On comprend que dans une classe ouverte aux 4 vents les petits s’enrhument, d’autant que tous ne sont pas habillés comme il le faudrait.
Nous donnons des crayons à tous les enfants, un « petit ours » du Mécénat à chaque maitresse ; tous s’installent en rond pour faire de beaux « gribouillis » sur notre planche de Canson. La maitresse signe, date, et une petite séance de chant- gymnastique s’organise. Ca réchauffe !
Il faut maintenant revenir pour le déjeuner organisé dans la grande maison épicerie - aussi en bambou - de la grand-mère. Veuve depuis 20 ans, elle se distingue par ses lèvres et ses dents teintes en rouge par le bétel, et règne sans partage sur sa famille et a son mot à dire sur tout. C’est elle qui, en cachette de sa fille Chanch, voulait « donner » la petite Na à sa famille d’accueil. Mais comment imaginer Na sans Ni et Ni sans Na !
Une cérémonie de « Baci » nous attend dans l’arrière boutique. Le rituel des incantations : les liens de coton noués à nos poignets (et à ceux de Na et de Ni), le petit morceau de blanc de poulet arraché à la carcasse, le verre d’alcool de riz à boire cul sec... se répète. Le repas suit, le plus simple qui nous ait été offert : un bouillon de légumes où nagent quelques têtes de poisson (pas de viande, elle est trop chère) et un gardon grillé du MEKONG sur un bol de riz gluant.
JFM se fait brancher l’électricité dans la maison de Na et imprime quelques unes des photos qu’il a prises lorsque nous avons remis l’enveloppe de la famille Baerd (lettre traduite par MO, petits cadeaux partagés avec Ni,…), et les 2 petits sacs à dos, l’un pour Na, l’autre pour Ni. Les montres ont beaucoup de succès d’autant que Na n’en avait pas et que celle de Ni était cassée !
Om, le papa qui est un militaire avec le grade d’aspirant, a pris sa journée. Il écrit sur une feuille de cahier d’écolier un petit mot à la famille Baerd. MO traduira plus tard et discute avec les vieilles femmes qui, autour d’un feu de braises, encouragent les jumelles à dessiner sur la nouvelle ardoise magique. Une dizaine d’ado, des cousins, arrivent de l’école, plongent leur tête dans la maison et commentent les photos. JFM a bientôt terminé. JFB monte l’encadrement (en carton prédécoupé apporté de Paris) de la photo choisie par Chanch. Na nous la présente.
Nous allons devoir quitter Na et Ni. Sa maman les tient dans les bras, son papa plus timide est en retrait. Nous glissons quelques dollars dans sa poche pour l’aider à habiller les enfants. Ses remerciements sont simples, sincères. Une leçon de dignité !

5 commentaires:

Unknown a dit…

Je vous suis avec un réel intérêt!
Vos photos sont magnifiques et les témoignages sur les enfants passionnants.
J'ai hate de découvrir leurs propres clichés, peut être sur le blog?

Bonne continuation,
Mai-Loan
www.lemondevuparlesenfants.com

Anonyme a dit…

Cher Jean-François,
Nous aussi suivons votre périple : l'autre jour nous étions toutes (Luce, Dominique Geoffray que vous connaissez bien, Bernadette, Fanette et Tiphaine) scotchée devant les photos que vous avez envoyées. On a pu voir l'adorable petit accueilli par Claude GUICHARD. J'ai l'impression que votre séjour est une véritable réussite et un vrai bonheur.

Vous l'allez plus vouloir rentrer !
A très bientôt.

Pascale GRAIS-LACOUR
Chargée des dossiers médicaux
Mécénat Chirurgie Cardiaque Enfants du Monde

Anonyme a dit…

C'est une grande joie tous les matins d'ouvrir le site et de vite appeler une famille d'accueil si son enfant accueilli a été visité..... merci à nos deux Jean-François !!
bien à vous,

Bernadette

Anonyme a dit…

Chaque matin ,je regarde le blog et cela me fait un plaisir immense de vous suivre dans cette magnifique aventure....

Laurence P.

Anonyme a dit…

Magnifique projet !
C'est chouette de revoir les petits et grands dont j'ai trié les photos durant leur séjour en France, d'avoir des nouvelles et de découvrir leur entourage.
BRAVO et bonne continuation de cette belle aventure.

Nadège (bénévole MCC)