mardi 26 février 2008

Sayfone, la charmante petite comédienne

Le village de Sayfone est au niveau du pont qui surplombe le Nam Kgum, cette rivière dans le lit de laquelle a été construit, en 1971, le premier barrage du Laos ; un lac de 250.000 hectares est ainsi né. Les paysans sont devenus pêcheurs sur le haut de leurs collines qui sont maintenant des iles magnifiques et les forestiers des plongeurs. Ici ni coraux, ni éponges, mais le teck : des immenses forêts immergées au stock quasi inépuisable.
Nous passons la nuit sur les bords du lac dans des bungalows, genre « ma cabane au Canada », au-dessus d’un petit village de pêcheurs. Ici pas ou peu de touristes. Un embarcadère pour les bateaux qui font la liaison entre les îles. Certaines ont été aménagées après la révolution de 1975 en camp de rééducation … pour les « mauvais éléments » ou les « fléaux de la société » ! Personne ne sait trop dire s’ils existent toujours ( ?!).
Au petit matin avec le soleil qui chauffe, la brume s’évanouit et laisse place au spectacle d’un ballet de barques motorisées (monotype 5, 5CV Honda !) qui font la course pour vendre leur poisson. A terre, un poisson chat de 25kg est négocié au portable. L’affaire se fait à 1 million de kips (4$ le kilo !). Nous attendons de voir la prise avant de quitter cet endroit authentique et d’une grande beauté.

Sayfone nous attend chez elle ce matin ; comme c’est samedi, il n’y a pas école. Nous étions venus en repérage et nous nous étions arrêtés en début de semaine sur notre route pour Vangvien. Nous lui avions laissé la grande feuille de Canson préparée par JFB et les crayons de couleur pour qu’elle fasse un beau dessin avec sa classe. Sayfone est en CE2 et travaille très bien. Elle est devenue à 8 ans et demi, une jolie fillette. Elle se déplace avec élégance dans sa robe à volants de bohémienne de théâtre ; elle se prête au jeu des photos avec JFM comme une vraie petite comédienne. Elle est gracieuse et n’est pas timide. Son père, Boun Thong (qui signifie : qui incarne la fête) et sa maman Toc ont une trentaine d’année et vivent désormais dans une petite maison de bambou louée en surplomb de la rivière, à 500m de celle de la grand-mère maternelle qui les accueillait chez elle auparavant.
Leur maison est simple, mais a « tout le confort » : télé (évidemment !), DVD, mixer, réfrigérateur, cocotte électrique. Du papier est tendu sur les murs pour empêcher les courants d’air ; c’est gai … à l’image de cette famille.
Boun Thong travaille au Nam Ngnum 2 en construction en amont de notre lac ! Il est Bac +2 avec une spécialité informatique. Il gère les stocks là-bas et y reste toute la semaine. Il construira une vraie belle maison quand il aura amassé suffisamment d’argent. Pour l’instant, la vie semble se dérouler simplement. Sayfone, opérée il y a 5 ans, est guérie. Elle incarne la joie de vivre comme sa petite sœur surnommée « Pouy » (elle n’a pas encore de nom car il n’y a pas d’acte de naissance au Laos ; on lui donnera un nom lorsqu’elle ira à l’école). Il fallait voir l’excitation à l’ouverture des paquets de « ma » (Claude Guichard) qui l’a accueillie en France. Ici au Laos, pas d’enfant égoïste ; on partage. Alors Pouy aura sa part avec les ballons qu’elle gonfle avec sa maman, que cela fait beaucoup rire.
Après les jus des noix de coco fraîches du jardin préparées à la machette par Toc, nous sommes invités à partager des légumes cuits à la vapeur et à l’ail (délicieux !), une carpe (élevée dans la rivière par le grand-père militaire du Phatet Lao en retraite), puis des bananes, des mandarines, le tout arrosé d’un verre de « Lao Beer ». C’est la fête ! Il faut dire que c’est aussi la fête dans toutes les maisons du village avec karaoké et musique à fond.
Sayfone à qui nous avons confié le petit appareil va de maison en maison pour faire son reportage.
Boun Thong s’est absenté pour acheter une carte de téléphone et appeler Claude Guichard. JFB prétexte d’avoir le numéro préenregistré et appelle. Malheureusement, Claude n’est pas là. C’est au répondeur que Sayfone glisse doucement un « Je vais bien. Je travaille bien. J’aimerais te voir. Merci ». Elle n’a pas oublié sa marraine de France et ses quelques mots de français.
La journée s’avance et nous avons de la route à faire avant la nuit (avec beaucoup de chicanes mobiles non éclairées !). Nous quittons avec des grands « au-revoir» sincères cette famille à l’image de Sayfone, naturelle et charmante.




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