jeudi 21 février 2008

Seng, l'ange miraculé

Nous quittons la nationale 13 ! Une longue piste de terre rouge poussiéreuse nous conduit à 10km chez les parents de Seng. Une maison simple de bambous, accrochée à un hameau, au milieu des cultures de riz et d’hévéas.
Il y a un an environ que Seng a été opéré dans des conditions dramatiques. La veille de son départ de Vientiane, il souffre de violents maux de tête et de nausées. Oubol, son papa, et Teiy, sa maman, ont peur qu’il ne parte pas. Il allait enfin – peut-être – pouvoir respirer et grandir ! Cela faisait 5 ans qu’il toussait et que le médecin «privé» du proche village avait aussi diagnostiqué et soigné un problème pulmonaire. Et puis, comme Seng ne guérissait pas, une cousine éloignée – ils sont tous cousins ! – dont le fils avait eu les mêmes symptômes, l’a dirigé vers l’hôpital Mahosot à Vientiane : maladie de falot. Le dossier médical et le dossier administratif sont acceptés et bouclés. Il partira malgré ce mal de tête de la veille. Ce départ est une lueur d’espoir pour les parents de ce petit garçon prénommé Seng (lueur en laotien).

On est le 1er janvier 2007. A l’arrivée à Bordeaux où il est accueilli par la famille Falgon, ses fortes migraines reprennent. Après scanners, IRM … on décèle un abcès au cerveau qui nécessite une intervention en urgence du service de neurochirurgie.
Seng qui a maintenant 6 ans et demi et qui est fils unique était décrit par ses parents dans une lettre laissée dans son petit sac, comme l’enfant « idéal ». Effectivement, il a traversé ses opérations et sa rééducation avec calme, courage ; attentif aux explications que lui donnait un couple laotien ami, jamais il ne pleurait. Pourtant son opération au cerveau l’a momentanément rendu hémiplégique côté gauche, et il a fallu à ce petit bonhomme beaucoup de persévérance dans sa rééducation pour que tout revienne dans l’ordre … ou presque !
Un mois après, il subit son intervention au cœur. Elle est compliquée mais réussie. Il va pouvoir grandir et rattraper ses copains de l’école.


Cette année, il est en CP à un petit kilomètre de sa maison. Le vieux vélo qui dort sous le plancher de sa maison est trop petit pour son papa, trop grand pour lui : il devra attendre pour aller à l’école en pédalant, puis à 12 ans au collège qui est plus éloigné …

Nous irons à 13h30 à l’école pour rencontrer sa maîtresse et faire le dessin.
Aujourd’hui ni baci, ni déjeuner de fête. La grand-mère est retournée à ses travaux. Elle confectionne des tuiles en bambou pour réparer le toit en prévision de la saison des pluies.
Nous invitons Seng et ses parents à partager notre déjeuner.
Nous reprenons en sens inverse la piste de terre rouge encombrée de « buffles chinois », ces remorques attelées à des motoculteurs chargées de bambous ou de passagers coiffés de chapeaux les plus hétéroclites, pour se protéger du soleil de midi.
En chemin, JFB se demande quoi faire pour cette famille démunie et pour Seng qui traîne un peu sa jambe gauche, séquelle de sa première opération … un vélo !
Nous trouvons un restaurant où nous commandons une soupe de nouilles au poulet. Elle est parfumée. Ce sera la meilleure à ce jour.
A la bifurcation avec la nationale 13, il y a un bourg avec son marché et ses marchands en tout genre. Seng à qui nous avons parlé du vélo ne se montre pas impatient. Il est doux et fait les choses doucement. C’est soigneusement qu’il a rangé dans le placard son nouveau tee-shirt de la coupe du monde de rugby offert par la famille Falgon … sans doute de peur de le salir à l’école.

Seng n’a pas oublié ses 4 mois avec eux. Il nomme sans hésiter en les montrant sur les photos : Christophe, Christelle, Emma, Baptiste. La dernière cuillérée de soupe avalée, nous partons tous chez le marchand de vélo. Seng hésite entre le blanc à roues rouges ou le rouge à rayons chromés. Seng suit les recommandations de son papa. Ce sera le rouge avec sonnette, panier pour les cahiers, porte-bagages rembourré pour le copain ou la copine… Mais pour cela, il faudra apprendre à rouler sans les roulettes jaunes !

Une joie immense envahit Seng, Oubol et Teiy, ses parents. Pas de ces joies expansives, mais plutôt une « lueur » de bonheur pour seulement 37$.…







PS : En février 2007, l’association Santé France Laos et la famille Falgon ont réussi à mobiliser 28.000 euros autour du cas de Seng. Cette somme a permis de couvrir les frais de son opération au cerveau pour laquelle il est resté plus de 10 jours en réanimation.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Suis passionnée par vos mails et extrêmement touchée de ces reportages tous très émouvants.
Vous félicite tous les deux de ce que vous faites.
On imagine difficilement la vie de ces familles laotiennes et bien d'autres.
Kisses
GROM